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Définition

Un sol pollué est un terrain altéré par des substances nocives, souvent d’origine humaine. Ces contaminants incluent des métaux lourds, des hydrocarbures, des pesticides, des produits chimiques industriels ainsi que d’autres déchets toxiques. De plus, la pollution des sols entraîne de graves conséquences pour la santé, la biodiversité ou encore l’environnement.

Depuis 1994, le ministère de l’environnement réalise et conserve un inventaire des sites pollués dans une base de données nationale (ex-BASOL).

Dans cet article, nous allons traiter :

  • Des objectifs nationaux en matière de gestion des sols pollués
  • Des causes de la pollution des sols
  • Des principales conséquences de la pollution des sols
  • De l’importance des sols dans notre écosystème

Objectifs nationaux de gestion des sols pollués

La pollution des sols représente une préoccupation majeure pour la santé publique, comparable à la pollution de l’air et de l’eau. Par conséquent, pour répondre à cette problématique, la France a instauré une politique de réhabilitation et de traitement des sites pollués dès 1993. Cette politique nationale de gestion des sites et sols pollués vise à définir des mesures adaptées pour éliminer la pollution des sols. Toutefois, la présence résiduelle de pollution sur un site est tolérée selon certaines conditions.

Les objectifs nationaux de gestion des sols pollués sont élaborés par le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Cette méthodologie repose sur plusieurs principes fondamentaux :

Gestion des sols pollués

Par quoi les sols sont-ils pollués ?

Le ministère de la Transition Ecologique a recensé potentiellement 250 000 sites pollués. Les raisons derrière ce chiffre sont nombreuses.

L’agriculture intensive : un fléau pour les terres

L’utilisation généralisée d’engrais chimiques et de pesticides a profondément dégradé les terres cultivables. Selon la FAO, 33% des terres dans le monde sont actuellement dégradées à la suite des pratiques agricoles non durables. Les produits toxiques accumulés polluent une partie des sols en France, comme dans beaucoup d’autres pays. Environ 110 000 tonnes de pesticides sont utilisées chaque année, ce qui place le pays parmi les plus grands consommateurs de pesticides en Europe.

Ces produits chimiques s’accumulent dans les sols, entraînant une pollution qui nuit à la biodiversité et à la fertilité des terres à long terme. En effet, des études montrent que la teneur en matière organique des sols agricoles français a diminué de 20% en quelques décennies. Cela affecte notamment la capacité des sols à retenir l’eau et à soutenir la vie microbienne. Face à ces défis, des mesures sont prises pour lutter contre la pollution des sols due à l’agriculture intensive. La France a d’ailleurs adopté le plan Ecophyto, qui vise à réduire de 50% l’utilisation de produits phytopharmaceutiques d’ici 2025. De plus, l’agriculture biologique, interdisant les produits chimiques, est en pleine expansion. Cette transition est nécessaire pour garantir la santé des sols et des écosystèmes pour les générations futures.

Les activités industrielles polluantes – un héritage toxique

En France, les activités industrielles ont laissé un héritage toxique avec plus de 6 800 sites pollués répertoriés.

Ces pollutions résultent principalement d’émissions atmosphériques, d’incidents lors de la manipulation ou du transport de substances toxiques. Les secteurs de la chimie, de la métallurgie et de l’industrie pétrolière sont particulièrement concernés. Près de 40% des sols pollués en France contiennent des hydrocarbures, souvent liés à l’industrie pétrolière et aux stations-service. Ce type de polluant peut persister dans les sols pendant des décennies.

Cependant, des efforts considérables sont en cours pour atténuer l’impact environnemental des industries et gérer efficacement les sols pollués. Les entreprises modernes adoptent des technologies avancées et des pratiques de gestion plus responsables. Les réglementations environnementales se sont également renforcées. Enfin, la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, adoptée en 2015, impose des normes. L’ensemble de ces mesures sont strictes et encouragent la réhabilitation des friches industrielles. De plus, des incitations financières soutiennent les initiatives de réhabilitation. L’ADEME a notamment mis en place des projets de financement pour les démarches de dépollution des sols.

Les principales conséquences de la pollution des sols

L’impact sur l’environnement

Loin d’être une simple couche de terre, le sol est un écosystème complexe et vivant. Les sols pollués perturbent les écosystèmes en contaminant la faune et la flore. Les substances toxiques infiltrent les nappes phréatiques et compromettent ainsi la qualité de l’eau. De plus, la pollution du sol peut réduire la fertilité, affectant la croissance des plantes et compromettant les cultures agricoles. Cette dégradation a un effet domino, impactant la chaîne alimentaire et la biodiversité locale. Entre 2010 et 2020, la surface des terres polluées en France a augmenté de 20%, atteignant près de 250 000 hectares. Les pesticides et les métaux lourds sont responsables de 65% de cette contamination.

Les polluants peuvent avant tout altérer la structure du sol, le rendant plus vulnérable à l’érosion par le vent et l’eau. Cette érosion entraîne donc une perte organique de nutriments et de micro-organismes essentiels à la fertilité du sol.

L’impact sur la santé humaine

Les sols pollués abritent un large éventail de substances toxiques. Ces contaminants peuvent pénétrer dans le corps humain par différentes voies.

  • Par ingestion, principalement par consommation de fruits et légumes cultivés sur des sols pollués.
  • Par inhalation, les poussières émises par les sols pollués, surtout lors des travaux agricoles ou de construction.
  • Enfin, par contact direct avec les mains et la terre, notamment chez les jeunes enfants.

Vous l’aurez compris, l’exposition à ces contaminants et la pénétration dans notre corps peut subvenir par différents moyens. Au contact de ces derniers, des maladies chroniques telles que les troubles respiratoires, les maladies cardiovasculaires et les affections cutanées peuvent survenir. De surcroît, des troubles neurologiques peuvent se développer chez les enfants comme chez les adultes. Une étude de l’INSERM en 2021 a révélé un constat sans appel : Les enfants vivant à proximité de sites industriels pollués avaient 30% plus de chances de développer des troubles cognitifs. En France, on estime que près de 10% de la population vit sur des sols potentiellement pollués, soit 6.5 millions de personnes. Le coût économique quant à lui, s’élève à plusieurs milliards d’euros par an, en raison premièrement des dépenses en santé, deuxièmement de la perte de productivité agricole et pour finir de la dégradation des écosystèmes.

L’impact sur la biodiversité

Souvent oublié, le sol abrite pourtant une quantité formidable de micro-organismes, d’insectes et d’invertébrés. Sans eux, impossible de maintenir une terre en bonne santé. Un sol pollué a un impact profond et souvent irréversible sur la biodiversité car les contaminants présents dans le sol peuvent perturber les cycles biologiques des organismes vivants. Ils affectent les plantes, les animaux, mais aussi les micro-organismes. La toxicité des substances peut réduire la diversité génétique des espèces végétales, affaiblissant leur résilience face aux changements. La consommation d’eau et plantes contaminées engendre des malformations, une baisse de la fertilité ou encore une mortalité accrue chez les animaux.   Par conséquent, la diminution de la biodiversité a des répercussions en cascade irréversible.

L’importance des sols dans notre écosystème

Les sols jouent un rôle crucial dans notre écosystème, bien au-delà de leur fonction de support pour les plantes. Ils constituent le fondement même de la vie sur Terre, assurant plusieurs fonctions écologiques essentielles.

Régulation de l’eau

Les sols agissent comme des éponges naturelles, absorbant les précipitations et les redistribuant lentement aux plantes et aux nappes phréatiques. Les sols sains filtrent et purifient l’eau, réduisant ainsi les polluants et améliorant la qualité de l’eau. Un hectare de terre arable peut retenir jusqu’à 250 000 litres d’eau, et les zones humides peuvent réduire les risques d’inondation de 26 à 76%. Pour améliorer la rétention d’eau des sols, des projets tels que l’agriculture de conservation, la restauration des zones humides et les plans de gestion des eaux pluviales sont mis en place.

Habitat de la biodiversité

Un sol en bonne santé abrite une incroyable diversité d’organismes vivants, allant des vers de terre aux micro-organismes. Cette biodiversité souterraine contribue à la structure et à la fertilité du sol, favorisant des écosystèmes terrestres résilients. De plus, les interactions entre organismes et environnement contribuent à la dégradation des polluants, ce qui favorise la dépollution des sols. On estime qu’1/4 de la biodiversité terrestre vit dans le sol et qu’un gramme de terre contient des millions de bactéries. Des initiatives comme l’agroforesterie, la réduction des pesticides et la création d’aires protégées sont essentielles pour préserver cette biodiversité.

Séquestration du carbone

Les sols sont des réservoirs de carbone, stockant plus de carbone que l’atmosphère et la végétation combinées. Par le biais de la décomposition, les sols contribuent à la régulation du climat en absorbant le dioxyde de carbone de l’atmosphère. Une gestion durable des sols peut donc aider à atténuer les effets du changement climatique. Les sols agricoles peuvent séquestrer jusqu’à 30 tonnes de carbone par hectare et par an. Les sols stockent environ trois fois plus de carbone que l’atmosphère. Pour augmenter la séquestration du carbone, des pratiques comme la restauration des prairies et la méthanisation sont encouragées.

Support de la vie humaine et économique

Enfin, les sols sont indispensables à notre subsistance quotidienne. Ils soutiennent l’agriculture, fournissent des matières premières et jouent un rôle dans les cycles naturels dont dépendent nos ressources. En définitive, la santé des sols est donc directement liée à la santé de l’Homme, de la biodiversité et de l’économie.

La valeur des services écosystémiques rendus par les sols est estimée à plusieurs milliards de dollars par an. Cependant, l’érosion des sols entraîne une perte de 10 millions d’hectares de terres arables chaque année. Pour préserver les sols, plusieurs mesures sont mises en place comme, l’étiquetage des produits alimentaires issus de l’agriculture durable, le soutien financier aux agriculteurs respectueux des sols et l’éducation à l’environnement notamment. Respecter l’importance des sols aide à préserver l’écosystème, garantir une agriculture durable et lutter contre le changement climatique.

Les sols pollués représentent un défi majeur pour notre époque, impactant la santé humaine, la biodiversité et l’écosystème global. Les sols contaminés par diverses substances toxiques mettent en péril la qualité de notre environnement et notre bien-être. Face à cette problématique, nous sommes tous responsables. Prévenons, agissons !